La marche des enfants

Au Moyen Âge, en 1212, des milliers d’enfants provenant de toute l’Europe avaient entamés une longue marche vers Jérusalem afin de « délivrer » la ville sainte. La marche fut rapidement dispersée par les autorités de l’époque et il ne subsistera de cet événement qu’une fable connue sous le nom de « la Croisade des Enfants ».

Cette histoire, glanée au hasard de mes lectures sur internet il y a peu, ne rencontre chez moi, au départ, qu’un écho limité.

Les jours passent et cette image d’enfants marchant pour défendre ce qui leur est cher vient  se fondre et se confondre avec des images et évènements beaucoup plus récents et contemporains: enfants par milliers se réunissant après la tuerie de masse dans un lycée de Parkland aux États-Unis militant à corps et à cris pour la fin des armes à feu au son du slogan « Never again » ; les discours bouleversants de ces mêmes enfants représentés par Emma Gonzalez (16 ans à l’époque), le discours de Greta Thunberg à l’ONU (« How Dare you? » / « Comment osez-vous ?») délivrant la parole de milliers d’autres de ses semblables sur l’urgence climatique et défiant dans le blanc des yeux les dirigeants des plus grandes puissances dans leur inaction...

Quelque chose m’apparaît alors: les Enfants sont incontestablement les derniers Prophètes, les derniers grands Orateurs par qui l’Avenir sera défendu...

Des extraits de textes de Pasolini, James Baldwin, Jack Kerouac, William Blake mais aussi de l’Ancien et Nouveau Testament et des discours d’Emma Gonzalez ou Greta Thunberg me serviront de matériau littéraire à mettre en musique accompagné d’un dispositif musical assez épuré (quatre ou cinq musiciens) afin de ne jamais étouffer la voix des enfants.

Autant inspiré par les incantations mystique de John Coltrane (« Alabama », « A Love Supreme ») que par Arvö Part, Bill Viola, Gabriel Fauré ou les Spirituals, cette pièce veut célébrer l’enfance (parfois sacrifiée), la lutte, la Terre et la Vie.

Babx - Compositeur et directeur artistique